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UNE MISSION DE CONFIANCE

C’était le lendemain matin, à sept heures, lui avait-on dit, que l’Athénien devait quitter Dyea. Restaient encore, pour Fred Churchill, vingt-huit milles à franchir, vingt-huit milles y compris le Chilcoot.

Un instant, pour réajuster ses chaussures avant d’entreprendre la longue escapade de la montagne, il s’assit. Immédiatement, il s’assoupit. Mais, trente secondes après, il était sur pied, car il sentait que s’il cédait au sommeil, il ne se réveillerait plus à temps ; et ce fut debout qu’il acheva de vérifier ses chaussures.

Fugitif comme une lueur d’éclair, le sentiment lui vint qu’il allait céder au sommeil et qu’en dépit de sa volonté, tous ses muscles se détendant, son corps allait s’effondrer. D’un effort rageur, il se raidit, se ramassa sur lui-même et ne tomba pas. Mais cette dépense d’énergie lui causa un ébranlement cérébral infiniment douloureux. Il tremblait de tous ses membres. Il se frappa le front de la paume de ses mains, comme pour mieux retrouver ses esprits.

À ce moment, par une chance inespérée, passait Jack Burns, qui regagnait son campement du lac du Cratère, avec ses deux mules. Il invita Churchill à enfourcher l’une d’elle et à charger son sac sur la seconde. Fred Churchill refusa de se séparer