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LA BRUTE DES CAVERNES

et le retenir jusqu’à votre retour.

Antonsen, abruti de sommeil, n’avait pas encore recouvré ses esprits qu’il était comme un paquet dans la pirogue. Il ne se rendit compte de ce qui se passait qu’en se sentant inondé jusqu’aux os, par l’écume glacée d’une énorme vague, et en entendant Fred Churchill qui, d’une voix hargneuse, lui criait dans la nuit :

— Alors, quoi ? Tu ne peux pas ramer ? Tu as peut-être envie de te noyer…

Toute cette nuit-là les deux hommes ramèrent. Lorsque le jour parut, le vent s’était apaisé, mais Antonsen était à ce point épuisé qu’il lui était impossible de seulement soulever sa pagaie. Fred Churchill tira l’embarcation sur le rivage, en un endroit tranquille, et son camarade et lui s’assoupirent. Fred Churchill avait eu grand soin de tenir ses bras croisés sous sa tête afin que, gêné par la mauvaise circulation, il ne pût s’endormir trop profondément.

Plusieurs fois, il se réveilla pour consulter sa montre. Au bout de deux heures, il se releva et secoua Antonsen, qu’il remit debout.

Le lac Bennet, auquel les deux hommes ne tardèrent pas à arriver, mesurait trente milles de long. L’eau y était calme comme le bief d’un