Page:London - La brute des cavernes, trad Gruyer et Postif, 1934.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
UNE MISSION DE CONFIANCE

leur jeta une échelle de corde. Antonsen s’affaissa sur le pont, comme une masse, et incontinent se mit à ronfler, à la place même où il était tombé. Fred Churchill avait l’air d’un fou. À peine ses vêtements lui tenaient-ils au corps. Sa figure, à demi gelée, était toute boursouflée. Ses mains étaient à ce point gonflées, qu’il ne pouvait plus joindre ses doigts. Et ses pieds étaient en tel état qu’il ne pouvait se tenir debout.

On s’expliqua. Mais le capitaine de la Flora ne voulait pas entendre parler de revenir en arrière et de s’en retourner aux rapides du Cheval Blanc. Fred Churchill voulait être obéi ; il était tenace et têtu, et le capitaine ne l’était pas moins.

— À quoi cela servirait-il ? observa celui-ci. Le dernier vapeur de haute mer de la saison, l’Athénien, qui se trouvait à Dyea, devait lever l’ancre le mardi matin… Il était matériellement impossible à la Flora de revenir au Cheval Blanc pour y prendre les passagers en souffrance et d’être de retour à Dyea avant le départ de l’Athénien.

— À quelle heure part, mardi, l’Athénien ? interrogea Churchill.

— À sept heures du matin.

— Ça va !

En même temps, Fred Churchill envoyait une volée de coups de pied dans les côtes d’Antonsen, qui ronflait toujours.

— Capitaine, dit-il, retournez au Cheval Blanc. Antonsen et moi, nous filons en avant pour prévenir l’Athénien