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LA BRUTE DES CAVERNES

endroits il était impossible de le remonter à la pagaie. Les deux hommes devaient alors accoster au rivage et, se frayant un chemin parmi les roches et les broussailles, haler l’embarcation à l’aide d’une corde. Souvent, ils avaient de l’eau jusqu’aux genoux, voire jusqu’à la ceinture. Parfois, ils tombaient et se relevaient tout écorchés. Ils se remettaient ensuite à pagayer, entre les deux falaises abruptes qui étranglaient le courant. Il y avait des remous furieux contre lesquels ils luttaient et c’était merveille qu’ils pussent tenir sans être rejetés et brisés contre l’une ou l’autre des deux murailles.

Labeur épuisant. Nick Antonsen, en vrai géant qu’il était, semblait à peine faire effort. Il trimait placidement. Plus nerveux, Fred Churchill suait, soufflait et s’exaspérait. Les deux hommes ne prenaient pas une minute de repos. Il fallait aller de l’avant, aller, aller sans trêve. Un vent glacé, rasant le fleuve, leur gelait les doigts sur leurs pagaies. De temps à autre, ils devaient battre des mains pour rétablir la circulation.

La nuit tombant n’arrêta pas leur course qui, dans l’obscurité, devint plus pénible encore. À plusieurs reprises, ils furent projetés contre des récifs qu’ils n’avaient pu voir et qui les mirent en sang. Plusieurs fois aussi, ils échouèrent sur une des rives du fleuve.

Au premier de ces plongeons, le sac de Louis Bondell tomba dans le fleuve. Fred Churchill,