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UNE MISSION DE CONFIANCE

À des signes certains, l’hiver s’annonçait précoce. De l’aube au coucher du soleil, et très tard dans la soirée, des discussions s’engageaient sur le vapeur, sur la question de savoir si celui-ci pourrait, jusqu’au bout, effectuer son voyage en eau libre. Ne serait-on pas, au contraire, contraint de l’abandonner et de poursuivre sur la glace ?

Il y eut des retards irritants. Par deux fois se produisirent des accidents de machine. Il fallut réparer. Et les tempêtes de neige, se succédant sans interruption, avertissaient de se hâter.

La remontée des rapides des Cinq-Doigts, avec une machine en mauvais état, fut laborieuse. Le W.-H. Willis, tout époumoné, dut s’y reprendre à neuf fois avant de doubler, enfin, le courant violent. Une perte de quatre jours pleins, sur la date prévue, résulta de tous ces incidents. Si bien qu’une inquiétante question se posa. Le vapeur Flora qui, au-delà du défilé du Box-Cagnon, devait recevoir les passagers du W.-H. Willis, les attendrait-il ?

La partie du fleuve, en effet, qui coule dans ce défilé, et qui constitue ce qu’on appelle les rapides du Cheval Blanc, n’est pas navigable pour les vapeurs. Un transbordement est nécessaire et les voyageurs doivent, en un long détour, contourner l’obstacle à pied ou en traîneau. Or, il n’existait ni télégraphe ni téléphone permettant d’avertir le Flora que, malgré leurs quatre jours de retard, les passagers du W.-H. Willis arrivaient. Il y avait