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UNE MISSION DE CONFIANCE

sa cabine, et ressortit muni d’un énorme porte-voix. Il était doué naturellement d’une voix de stentor et, quand il lança sur la foule un : « Silence ! » impératif, son ordre aurait pu être aussi bien entendu de la montagne de l’Élan et de Klondike-City.

À terre et sur le navire, à cette injonction venue d’en haut, le silence se fit instantanément.

— Allons, qu’as-tu à dire, mon garçon ? demanda à Louis Bondell le capitaine Scott.

— Je voudrais dire à Fred Churchill, qui est là, debout sur le quai, qu’il aille de ma part chez Macdonald. J’ai laissé chez celui-ci un sac à main qui m’appartient. Fred prendra ce sac et me le rapportera, quand, à son tour, il reviendra chez nous. À travers le silence, le capitaine Scott beugla le message au porte-voix :

— Hé ! toi, là-bas, Fred Churchill ! Va chez Macdonald. Tu y trouveras un sac à main appartenant à Louis Bondell. À ton retour, tu le rapporteras à son propriétaire. N’oublie pas, surtout !

Fred Churchill, de la rive, fit signe que c’était compris. Le capitaine Scott abaissa son porte-voix, le tumulte des cris d’adieu recommença, tandis que l’hélice battait derechef l’eau du Yukon, et le Seattle N° 4, après s’être dandiné quelques instants, se mit à filer sur le fleuve.

Bondell et Churchill, aussi longtemps qu’ils purent se voir, s’envoyèrent des signes réciproques de bonne chance et d’amitié.