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LA BRUTE DES CAVERNES

il leur montrerait de quel bois il se chauffait.

Il gagna la berge et recommença à s’enliser dans la neige molle. Un vertige le prit et il dut s’arrêter. Il demeura là, un long moment, sur ses jambes qui flageolaient violemment, comme paralysées. Il lui sembla que, s’il s’obstinait à marcher, il tomberait pour ne plus se relever.

Machinalement, il porta les yeux sur sa jambe blessée et vit que la neige rougissait autour d’elle. Le sang continuait à couler sans arrêt. Il n’avait pas cru que la morsure fût aussi grave.

Maîtrisant son vertige, il se pencha pour examiner la plaie. Alors il lui sembla que l’immense nappe neigeuse sur laquelle il était debout bondissait vers lui, et il se redressa aussitôt, comme quand on veut parer un choc inattendu. Une peur panique le prit, de s’effondrer sur le sol. Il finit par se remettre d’aplomb. Mais son effroi n’avait pas été mince, de cette neige qui avait ainsi voulu se jeter sur lui.

Puis la lumière du jour s’obscurcit et il eut conscience, après un temps indéterminé, de se réveiller dans la neige, à l’endroit où il était tombé.

Sa tête, maintenant, ne vacillait plus. Les toiles d’araignées de son cerveau s’en étaient allées. Mais il était incapable de se lever. Ses membres étaient sans force ; son corps semblait entièrement inerte.

Par un suprême effort, il réussit à se rouler sur le côté. Dans cette position, il lui fut permis de