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UN DRAME AU KLONDIKE

sonnages en carton découpé, dont une ficelle invisible réglait les mouvements.

Morganson gagna rapidement son affût dans le boqueteau de peupliers, et installa son fusil dans l’encoche de l’arbre préparé à cet effet. Il se rendit compte, à ce moment, que les doigts de sa main droite, qui se trouvait nue, étaient glacés. Il avait, sans qu’il s’en rendît compte, laissé tomber sa moufle, qui pendait devant lui. Il la renfila hâtivement.

Gens et bêtes se rapprochaient de plus en plus. Il pouvait voir leur haleine jaillir, en se condensant, dans l’air froid.

Lorsque l’homme qui allait en tête ne fut plus qu’à cinquante mètres, Morganson découvrit sa main droite, appuya son index sur la détente et visa.

Le coup partit. L’homme, touché en plein ventre, virevolta sur lui-même et s’écroula.

Les chiens s’étaient arrêtés net, devant le cadavre qui obstruait la piste. Il y eut, chez les hommes qui suivaient, un court moment de désarroi, dont Morganson profita pour lâcher un second coup, à l’adresse, celui-là, de John Thomson.

Il avait visé un peu bas. Atteint aux jambes, John Thomson chancela et tomba à la renverse sur le traîneau. Morganson tira de nouveau, et John Thomson ne fut plus.

Restait le Suédois qui, complètement affolé, au