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LA BRUTE DES CAVERNES

du jour. Le temps était froid et clair. Approximativement, Morganson estima la température à cinquante degrés sous zéro. Pas un souffle de vent ne troublait la quiétude glacée de Northland.

Soudain Morganson qui, par la tension de ses muscles, avivait la souffrance de son scorbut, se redressa à demi. Il venait d’entendre le son éloigné de voix d’hommes et les aboiements plaintifs de chiens houspillés par le fouet.

Il commença par se battre les flancs avec ses bras. C’était une sérieuse affaire que d’armer un fusil avec cinquante degrés sous zéro. Aussi voulait-il, pour cette opération, développer tout le calorique dont sa chair était susceptible.

Cachée d’abord par le contrefort boisé de la vallée, la petite caravane, quand elle l’eut dépassé, apparut dans le champ visuel de Morganson.

En avant marchait le troisième homme, dont il ignorait le nom, et qui avait charge de reconnaître la piste. Derrière lui venaient huit chiens, attelés au traîneau. À côté de celui-ci allait John Thomson, qui le maintenait en ligne, s’il y avait lieu, à l’aide de la barre de direction.

Oleson, le Suédois, fermait la marche. C’était, à coup sûr, un beau spécimen d’homme, avec son corps colossal, enveloppé dans sa « parka » en peaux d’écureuils. Morganson, en le regardant, ne put s’empêcher d’admirer.

La silhouette des hommes et des chiens se détachait nettement sur la neige. On eût dit des per-