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LA BRUTE DES CAVERNES

tier, en hochant la tête d’un air convaincu. J’ai entendu plusieurs fois, quand le vent portait, le bruit sourd de coups de hache. Alors c’était toi qui opérais ? Parfait… Tu veux bien accepter un verre !

Morganson s’arc-bouta au comptoir, pour ne point choir de joie. Un verre ! Il se serait volontiers agenouillé devant son hôte, en lui jetant les bras autour des jambes. Il lui aurait, en guise de remerciements, baisé les genoux, embrassé les pieds !

Il essaya de balbutier son acquiescement. Les mots lui restaient dans la gorge. Mais le cabaretier n’avait pas attendu sa réponse et lui tendait déjà la bouteille.

Il n’était point quitte, cependant, des questions de son bienfaiteur, qui demanda :

— Et qu’est-ce que tu as trouvé à boulotter ? Couper du bois est excellent pour se réchauffer, mais n’emplit pas l’estomac. Je crois, d’ailleurs, que tu te vantes, car tu me parais bien mal en point pour une telle besogne.

Morganson couvait des yeux la bouteille, qui s’attardait. L’eau lui en venait à la bouche.

— J’ai eu la chance, tout au début, répondit-il, d’abattre un élan. J’ai vécu sur lui et fait bombance. C’est étonnant comme j’avais repris des forces… Mais mon scorbut s’est aggravé par la suite. C’est lui qui m’a mis en cet état.

Le cabaretier lâcha la bouteille et Morganson