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UN DRAME AU KLONDIKE

Outre les petits biftecks dont il se régalait, il se fabriqua, avec les os de l’élan, du bouillon, dont il buvait à satiété. À mesure qu’il pilait et écrasait les mêmes os, afin de les faire bouillir à nouveau, le potage se faisait aussi de plus en plus maigre. N’importe ! Morganson s’en arrangeait. Grâce à l’élan, son état général s’était, au total, sensiblement amélioré.

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Ces huit jours écoulés, une nouvelle préoccupation vint troubler le cerveau de Morganson.

À quelle date se trouvait-on ? Le temps avait certainement marché, depuis son passage à Minto. Combien de temps exactement s’était-il écoulé ?

Cette curiosité, vaine en apparence, lui devint une obsession. Il se perdit en méditations et en calculs, dont la conclusion variait toujours. Le matin, en s’éveillant, la journée, en montant la garde sur la piste, le soir, avant de s’endormir, il en revenait sans cesse à cette idée fixe, qui ne le lâchait point. La nuit même, il s’éveillait et demeurait, des heures entières, les yeux grands ouverts, à chercher la solution de cet irritant problème.

Connaître cette date était sans aucun intérêt pratique. Il ne s’en butait pas moins à ce désir irraisonné qui en arrivait, chez lui, à dépasser en intensité le souci de la nourriture, et celui même du fameux traîneau qui devait lui apporter le salut et la vie.