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UN DRAME AU KLONDIKE

Vers le milieu de la journée, il songea aux bêtes sauvages qui pouvaient venir dévorer sa viande et il grimpa de nouveau sur la butte où il avait abandonné les quartiers d’élan. Il emportait avec sa hache la corde de halage du traîneau et la courroie qui en maintenait ordinairement la charge.

Comme il était encore très faible, la construction de la cache aérienne, où il pourrait abriter son précieux gibier, lui prit tout l’après-midi.

Il coupa de jeunes sapins, les élagua, en planta la base dans le sol, et les assembla, tant bien que mal, en un haut échafaudage. La construction n’était pas aussi solide qu’il l’eût souhaité. Mais il avait fait de son mieux.

Hisser la viande sur cet abri fut une besogne non moins ardue. Il faillit s’en crever le cœur. Afin de mettre en place les gros morceaux, il lui fut nécessaire de faire passer sa corde pardessus une branche d’arbre élevée, qui surplombait l’échafaudage. Alors il fixait sa viande à l’une des extrémités de la corde et, pour l’élever, se suspendait, de tout son poids, à l’extrémité opposée.

Ce grand œuvre achevé, Morganson regagna sa tente et s’y livra à une orgie solitaire et prolongée. Il n’avait point, pour cela, besoin de compagnon ni d’ami. Sa propre société et celle de son estomac lui suffisaient.

Les biftecks recommencèrent, interminable-