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UN DRAME AU KLONDIKE

Lourdement, il se laissa tomber assis sur l’énorme carcasse, et se prit à rire comme un dément. Puis il enfouit sa figure dans ses mains, et derechef les éclats de rire recommencèrent.

Quand il eut réussi à calmer ses nerfs, il tira de sa gaine un couteau de chasse et s’attaqua à l’élan, aussi vite que le lui permettaient et son pouce gelé et son extrême faiblesse. Il ne s’attarda pas à dépouiller la bête, mais en découpa les morceaux avec la viande attenante encore à la peau. C’était bien là une vraie chair du Klondike !

Cette besogne terminée, Morganson choisit un quartier de viande qui pesait une centaine de livres, et se mit en devoir de le traîner jusqu’à sa tente. Mais la neige était molle et c’était un travail au-dessus de ses forces. Il y dut renoncer.

Il échangea son morceau contre un autre, qui pesait dans les vingt livres, et, après s’être maintes fois arrêté à reprendre haleine, il parvint à la tente, avec sa charge. Il fit griller une partie de la viande, et eut la sagesse de n’en manger, tout d’abord, qu’avec une prudente parcimonie. Précaution nécessaire envers un estomac longtemps affamé.

Un peu restauré, il revint, comme un automate, à la berge du fleuve. Sur la neige, fraîchement tombée, des empreintes étaient marquées. Le traîneau chargé de vie avait passé, une fois de plus, cependant que lui, Morganson, était occupé à découper l’élan.