Page:London - La brute des cavernes, trad Gruyer et Postif, 1934.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LA BRUTE DES CAVERNES

déchargea farouchement plusieurs cartouches sur l’élan qui s’enfuyait. Puis il cessa de tirer, ayant songé qu’il convenait de ne pas gaspiller ses munitions, dont il avait besoin pour le traîneau chargé de vie qu’il attendait.

Il prit méthodiquement la poursuite de l’énorme animal, qui laissait derrière lui une rouge traînée de sang. Il le rejoignit dans une clairière de sapins.

L’élan était à demi affaissé sur le sol. À l’aspect de l’homme, il se releva et se prépara à reprendre sa course. Mais Morganson dont la main tremblait terriblement, appuyant son fusil, pour mieux viser, sur le tronc d’un sapin tombé, risqua encore une balle.

Frappé à mort, l’élan exécuta en l’air, de ses quatre pattes, une cabriole formidable. Puis, quelques mètres plus loin, il retomba sur la neige, où il s’écrasa, la faisant voler autour de lui, telle une blanche poussière impalpable qu’aurait soulevée le vent.

Morganson se précipita vers l’animal abattu. Il le tenta plutôt. Car il n’avait pas fait deux pas qu’il tombait sans connaissance.

Lorsqu’il revint de son évanouissement, ce fut pour se traîner, sur ses genoux, vers le tronc de sapin et tenter de l’escalader.

Il y parvint après maint effort et, se raffermissant sur ses jambes vacillantes, il atteignit l’élan toujours gisant.