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UN DRAME AU KLONDIKE

pieds le sol, afin de maintenir la circulation du sang.

Quand l’heure du déjeuner fut arrivée, il regagna son campement. Ce qui restait de thé, dans la boîte de fer-blanc, était bien peu de chose. Une demi-douzaine de pincées, tout au plus. Mais celle qu’il mit dans la théière était si mince qu’il escompta, à part lui, que la provision pourrait durer encore longtemps.

Tous les vivres dont il disposait consistaient en un demi-sac de farine et en une boîte enfermant une certaine quantité de levure.

Avec ces deux éléments, il se fabriqua des biscuits, les fit cuire et, lentement, mâchant chaque bouchée avec des délices infinies, il en mangea trois.

Après le troisième, il s’arrêta et parut hésiter. Il en atteignit un quatrième, et une bataille se livra en lui, pour savoir s’il devait ou non l’absorber.

Il considéra le sac de farine, dont le contenu avait notablement diminué, et le soupesa. Finalement, il mit de côté tous les biscuits qui restaient.

— En économisant la nourriture, je puis tenir deux semaines…, dit-il tout haut.

Puis, après un instant de réflexion :

— Peut-être trois.

Il renfila ses moufles, rabattit les oreilles de sa casquette et, reprenant son fusil, se dirigea derechef vers la berge du fleuve, où il se remit à l’affût.

Il s’aplatit dans la neige, afin d’être invisible à