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LA BRUTE DES CAVERNES

Morganson laissa son traîneau à la porte du cabaret, où il pénétra.

Il déposa sur le comptoir un petit sac à or, qui semblait vide, et demanda :

— Y en a-t-il assez, là-dedans, pour boire un coup ?

Le tenancier du lieu jeta un coup d’œil rapide sur le sac, puis sur l’homme, et sortit un verre avec une bouteille.

— Ne t’inquiète pas pour le paiement, dit-il.

— Prends toujours ce qui reste… insista Morganson.

Le cabaretier se saisit du sac, le tint renversé sur un des plateaux de ses balances, le secoua, et quelques bribes de poudre d’or en tombèrent.

Morganson reprit le sac, le retourna pour bien s’assurer qu’il était vide et déclara, d’un air étonné :

— Je croyais qu’il y en avait davantage. Pour un demi-dollar, au moins…

— II s’en faut de peu, répondit le cabaretier, tout en effectuant sa pesée. Ça ira ainsi. Je me rattraperai du poids qui manque sur un autre client plus fortuné.

Morganson inclina la bouteille de whisky et, discrètement, n’emplit son verre qu’à moitié.

— Allons, allons, sers-toi une part d’homme ! prononça le patron, en guise d’encouragement.

Du coup, Morganson pencha à fond la bouteille et remplit le verre à ras le bord.