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UN DRAME AU KLONDIKE

car son visage se durcit et un ricanement sardonique crispa ses lèvres.

L’idée trouvée, il convenait de la mettre en action. Morganson, levant son camp, roula et empaqueta ses couvertures, puis les chargea sur son traîneau, en compagnie de son poêle de tôle, de son fusil et de sa hache, de la poêle à frire et du bout de lard fumé. Ensuite il lia le tout avec une courroie.

Un instant encore, il se réchauffa les mains aux débris du feu, puis enfila ses moufles. Ses pieds le faisaient souffrir et ce fut en boitant visiblement qu’il alla prendre place à la tête du traîneau.

Il passa sur son épaule la boucle de la corde qui servait au halage et donna de toute sa force, pour faire démarrer le traîneau. Il eut un recul sous la souffrance qui en résultait pour lui. Car la corde lui avait, sous ses vêtements, au cours de longues journées de ce labeur, écorché la peau, et il dut s’y reprendre à deux fois pour se mettre en route.

La piste longeait le lit gelé du Yukon. Au bout de quatre heures de marche, elle décrivait une courbe, par laquelle Morganson atteignit Minto.

C’était une ville en herbe, perchée sur le faîte d’un haut coteau, au milieu d’une clairière récemment ouverte. Elle se composait, au total, d’une maison en rondins, couverte en chaume de joncs, d’un cabaret et de quelques cabanes.