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LA BRUTE DES CAVERNES

De nouveau, tel le murmure des vagues, monta un bruit étouffé de gifles, de coups de poings et de bourrades, puis le silence régna.

— Pourquoi chaque boxeur est-il monté ici même pour protester de sa loyauté ? Pourquoi les nomme-t-on Honnête Johns, Honnête Bills, Honnêtes Blacksmiths et ainsi de suite ? Croyez-vous que ces gens-là aient la conscience tout à fait tranquille ? Lorsque Pierre ou Paul s’avisent de vous crier dans les oreilles qu’ils sont honnêtes, votre méfiance s’éveille aussitôt à leur égard. Mais si un boxeur professionnel vous rabâche le même boniment, vous y mordez sans broncher.

« Que la victoire appartienne au meilleur ! » Combien de fois avez-vous entendu Bill Morgan prononcer cette phrase rituelle ? Laissez-moi vous dire que le meilleur champion ne gagne pas souvent et, quand il gagne, ne vous détrompez pas : le programme est fixé d’avance.

« La plupart des championnats auxquels vous avez assisté ou dont vous avez entendu parler ont été truqués de cette façon. Je vous le répète : toute la boxe n’est qu’un formidable chiqué. Vous imaginez-vous que promoters et managers viennent ici en partie de plaisir ? Que non pas ! Ce sont, avant tout, des hommes d’affaires.

« Tom, Dick et Harry sont trois boxeurs. Dick, le plus qualifié d’entre eux, pourrait démontrer sa valeur en trois assauts. Mais que se passe-t-il d’ordinaire ? Tom bat Harry, Dick met Tom knock-out