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LA BRUTE DES CAVERNES

ce pays, supplia-t-elle. Je ne me lasse pas de ces grands bois… ni de toi, mon amour.

Il s’assit sans effort et la prit dans ses bras.

— Chéri adoré ! Songe qu’avant de te connaître j’avais abandonné tout espoir de trouver un homme tel que toi !

— Peuh ! Moi je ne me tracassais même pas à espérer : j’étais sûr de te rencontrer quelque jour. Alors, tu es heureuse ?

Pour toute réponse, elle appuya doucement sa main sur le cou du jeune homme et durant d’interminables minutes ils contemplèrent, perdus dans leurs rêves, la vaste forêt autour d’eux.

— Te rappelles-tu l’histoire de ma fuite pour échapper aux assiduités de cette institutrice aux cheveux roux ? lui dit-il au bout d’un moment. Je voyais alors cette contrée pour la première fois. Je marchais à pied, mais que représentait pour moi, à cette époque, une distance de soixante ou quatre-vingts kilomètres ? Un jeu d’enfant. J’allongeais le pas comme un vrai Indien. Le gibier était plutôt rare dans les séquoias ; en revanche, les truites abondaient dans les rivières. Je campai sur ce même rocher. J’étais loin de m’imaginer qu’un jour je reviendrais ici avec toi, avec toi !

— Et que tu deviendrais champion de boxe ? suggéra-t-elle.

— Quant à cela, je ne m’en souciais pas le moins du monde. Mais papa me le rabâchait si souvent que j’avais fini par en accepter