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LA BRUTE DES CAVERNES

tait une vapeur pourpre ; elles s’évanouissaient à l’horizon, mais on devinait que leur moutonnement se prolongeait à l’infini. On ne distinguait aucune clairière ; de tous côtés la terre disparaissait sous d’immenses frondaisons.

Les deux jeunes gens, immobiles et se tenant par la main, savouraient des yeux ce spectacle grandiose. Ils se trouvaient dans la forêt de séquoias de Mendocino. Venus à cheval de Shasta, ils avaient parcouru toute la région qui borde la côte de Californie, sans aucun but précis, au gré de leur fantaisie, en jeunes mariés passant leur lune de miel.

Ils portaient des vêtements plutôt grossiers : elle, un costume kaki défraîchi par le voyage, lui un pantalon de toile et une simple chemise de flanelle échancrée sur sa poitrine hâlée par le soleil. Ce rude cavalier semblait tout à fait à sa place parmi les géants de la forêt, et le visage de sa compagne s’épanouissait de bonheur.

— Mon grand homme ! s’exclama-t-elle en se redressant sur un coude pour le regarder. Que tout cela est donc beau ! Plus beau encore que tu me l’avais promis ! Et dire que nous avons le bonheur d’admirer cette merveille l’un tout près de l’autre !

— Tu sais, il nous reste, dans le monde, pas mal de merveilles à voir ensemble ! répondit-il en changeant de position de façon à lui emprisonner sa main dans les siennes.

— Mais pas avant que nous soyons rassasiés de