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lendemain matin, la Peste fit parmi nous sa première victime : une petite nurse attachée à la famille du professeur Stout. L’heure n’était point de faire du sentiment. Espérant qu’elle était la seule atteinte, nous lui intimâmes l’ordre de s’en aller et la poussâmes dehors. Elle obéit et s’éloigna à pas lents, en se tordant les mains de désespoir et en sanglotant lamentablement. Nous n’étions pas sans ressentir toute la brutalité de notre acte. Mais qu’y faire ? Pour sauver la masse il fallait sacrifier l’individu.

« Nous n’étions pas au bout. Dans un des laboratoires de l’École, trois familles avaient conjointement élu domicile. Au cours de l’après-midi, nous trouvâmes parmi elles quatre cadavres et, à des degrés divers, sept cas de peste.

« De cet instant, l’horreur s’installa dans la maison. Abandonnant les corps là où ils étaient tombés, nous contraignîmes les survivants de ces familles à s’isoler dans une autre pièce. Les trois familles étaient contaminées et, dès que le symptôme de la Peste apparaissait, nous enfermions les victimes dans une cham-