Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes tombaient comme des mouches à San Francisco et à Oakland[1].

« On mourait partout. Dans son lit, à son travail, en marchant dans la rue. Le jeudi, je fus, pour la première fois, témoin d’une de ces morts foudroyantes. Miss Collbran, une étudiante de mes élèves, était assise devant moi, dans la salle du cours. Tandis que je parlais, je remarquai soudain que son visage devenait écarlate.

« Je m’arrêtai de parler et me mis à la fixer. Tous les autres élèves firent comme moi. Car nous savions dès lors que le terrible fléau venait de s’introduire parmi nous. Les jeunes femmes, épouvantées, se prirent à crier et se précipitèrent hors de la salle. Puis les jeunes gens sortirent à leur tour, sauf deux.

« Miss Collbran fut saisie de quelque menues convulsions, qui ne durèrent pas plus d’une minute. Un des jeunes gens lui porta un verre d’eau. Elle le prit, en but quelques gouttes et s’écria :

  1. Ville de Californie, qui fait face à San Francisco, du côté opposé de la Baie. Jack London y exerça dans sa jeunesse le métier de crieur de journaux. (Note des Traducteurs.)