être d’un estomac bien garni, il se mit à fouiller au tréfonds de sa mémoire.
— Savez-vous, mes enfants, savez-vous bien que j’ai vu ce rivage grouillant de vie ? Hommes, femmes et enfants, s’y pressaient tous les dimanches. Il n’y avait pas d’ours pour les dévorer, mais là-haut, sur la falaise, un magnifique restaurant, où l’on pouvait trouver tout ce qu’on désirait manger. Quatre millions d’hommes vivaient alors à San Francisco. Et maintenant, dans toute cette contrée, il n’en reste pas quarante au total. La mer aussi était pleine de bateaux, de bateaux qui passaient et repassaient la Porte d’Or[1]. Et il y avait dans l’air quantité de dirigeables et d’avions. Ils pouvaient franchir une distance de deux cents milles à l’heure[2].
« Oui, c’était la vitesse minima qu’exigeaient les contrats de la Compagnie Aérienne qui assurait le service postal entre New-York et
- ↑ On appelle ainsi l’entrée de la baie de San Francisco. (Note des Traducteurs.)
- ↑ On sait que cette vitesse, qui semblait extrême lorsque Jack London écrivit la Peste Écarlate, a été aujourd’hui dépassée. Récemment, en octobre 1923, aux États-Unis, un avion a volé à 243 milles 76 à l’heure, soit 392 kilomètres 65 mètres. (Idem.)