Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il se trouva ensuite qu’il voulait remuer ses mains. Elles étaient non moins douloureuses. Il loucha vers elles. Mais c’est à peine s’il leur reconnut une forme, tellement elles étaient gonflées, elles aussi, par le virus des moustiques.

Marc O’Brien avait perdu le sentiment de sa propre identité. Un vide se creusait dans son existence, vide qu’il était incapable de remplir. Il lui semblait avoir complètement divorcé d’avec son passé, dont aucun jalon ne demeurait en son esprit. Il se sentait malade, par surcroît, si malade et si misérable que toute énergie lui manquait pour fouiller dans son cerveau, à la recherche de ce passé disparu.

Puis il reconnut, dans son petit doigt, une certaine et anormale courbure, causée par une brisure de l’os, mal remis. Alors seulement il reprit conscience qu’il était Marc O’Brien. Et, soudain, tout le passé se rua en lui. Il retrouva, peu après, sous l’ongle d’un de ses pouces, une tache injectée de sang, causée par un coup qu’il s’était donné, la semaine précédente. L’identification se com-