ménager ses forces. Mais la vision de tout son corps gelé s’imposa presque aussitôt à son cerveau et le fit courir à nouveau.
Derrière lui, à même allure, le chien suivait. Lorsque, pour la seconde fois, l’homme tomba, l’animal s’assit, comme il l’avait déjà fait, sa queue repliée sur ses pattes, les yeux ardents et attentifs. Le calme de la bête irrita l’homme, qui se mit à l’injurier. Le chien se contenta de coucher légèrement les oreilles.
L’homme grelottait de tous ses membres. Visiblement, il était en train de perdre la bataille ; le froid gagnait partout sur son corps. Il eut un dernier sursaut d’énergie et se remit à courir. Mais il n’alla plus bien loin. Deux minutes après, il chancela et, tombant la tête en avant, s’étendit tout de son long sur la neige.
Ce fut d’abord une stupeur. Puis, dès qu’il eut repris le contrôle de lui-même, il s’assit, et la conception lui vint qu’il devait mourir avec dignité. Il se dit qu’il avait agi en insensé. Il se compara à un poulet qui, la tête coupée, continue à remuer les pattes. Oui, il fit cette comparaison !