Cette pensée, il s’évertuait à la chasser. Il refusait de s’y arrêter, de la considérer en face. Mais, toujours plus poignante, elle s’imposait, se vrillait en lui. De toutes ses forces il la repoussait, s’efforçant de songer à d’autres choses.
Il lui semblait extrêmement bizarre de pouvoir courir, comme il le faisait, sur des pieds totalement gelés. Si gelés qu’il ne les sentait même pas toucher le sol. Son corps ne paraissait point peser sur eux. Il effleurait la neige, sans ressentir le contact. L’homme avait vu jadis, quelque part dans une ville, une statue de Mercure Ailé. Il se demandait si ce Mercure n’éprouvait la même sensation que lui donnait cet effleurement du tapis de neige.
Il était fou, à la vérité, de prétendre atteindre le campement en courant ainsi. Comment s’imaginer que ses forces affaiblies ne le trahiraient pas ?
Plusieurs fois déjà il avait trébuché. Finalement il chancela, contracta ses muscles pour rétablir son équilibre, puis tomba.
En vain, l’homme essaya de se relever. Il était à bout. Il s’assit donc sur la neige et