peur grandissait. Il regagna le lit de la rivière, et, toujours courant, se remit à suivre la piste abandonnée. Sur ses talons, réglant son trot sur l’allure du maître, le chien reprit son escorte.
L’homme courait aveuglément, sans but conscient, envahi d’un effroi qu’il n’avait encore jamais connu. Il allait sans rien voir. Puis, peu à peu, tout en labourant la neige de ses mocassins, il recommença à discerner les objets autour de lui : les berges du creek, la piste mal tracée, les peupliers dénudés et les sapins noirs, et le ciel au-dessus de sa tête.
Il lui sembla qu’il se sentait mieux. L’effort de la course avait ramené en son corps quelque chaleur. S’il pouvait la continuer assez longtemps, il atteindrait le campement et rejoindrait ceux qui l’attendaient. Là, il serait bien soigné et les camarades sauveraient de lui ce qui n’était pas encore entièrement gelé.
Mais une autre pensée surgissait. Non, non, il n’arriverait jamais au campement… Trop de milles l’en séparaient. Trop profondément le gel l’avait mordu. Bientôt, il tomberait raide mort.