Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La vue du chien fit naître dans la tête de l’homme une idée sauvage. Il se remémora l’histoire de ce voyageur qui, pris dans une tourmente de neige, tua un jeune taureau qu’il rencontra, et qui, s’abritant dans les entrailles chaudes, fut ainsi sauvé du gel et de la mort. Il ferait comme lui. Il tuerait le chien, puis enfouirait ses mains dans le cadavre encore chaud, jusqu’à ce que leur engourdissement disparût. Alors il tâcherait de retrouver quelque allumette dans une de ses poches et reconstruirait, une troisième fois, son feu.

Il parla au chien et l’appela. Mais si pleine d’émotion était sa voix, tellement elle tremblait, que la bête, qui jamais ne s’était entendu parler de la sorte, s’effraya. Cette voix cachait un danger. Lequel ? Elle l’ignorait. Mais le danger était certain et l’instinct lui disait de se défier de l’homme.

Les oreilles aplaties et sans cesser d’arrondir le dos et de battre le sol de ses pattes, le chien refusait de se rendre à l’appel.

L’homme se mit alors à quatre pattes et, sur les mains et les genoux, rampa vers l’ani-