sur lequel il la frotta. Le bouleau s’enflamma plus rapidement encore que ne l’eût fait un bout de papier, et le feu jaillit, en sifflant. L’homme, se courbant sur la flamme, fit fondre la glace qui lui recouvrait la figure. Puis, devant la bienfaisante chaleur, il sortit ses mains de ses mitaines, et se risqua à manger ses biscuits. Il avait dominé le froid. Le chien, satisfait lui aussi, s’allongea tout près du feu, le plus près qu’il lui fût possible, sans se roussir les poils.
Son déjeuner terminé, l’homme bourra sa pipe et la fuma tranquillement. Puis il renfila ses mitaines, rabattit sa casquette sur ses oreilles et reprit la piste sur la fourche gauche de l’Henderson Creek.
Le chien, désappointé, quitta le feu en rechignant. Cet homme, songeait-il, ne savait réellement pas ce qu’était le froid. Effectivement, aucun atavisme ancestral n’avait sans doute inculqué à l’homme la notion du froid, du vrai froid, du froid à cent sept degrés sous zéro. Il n’en était point de même du chien. Ses ancêtres, à lui, lui avaient transmis leur expérience. Il n’ignorait pas qu’il est