pied. Il y eut un moment où il fit soudain un écart, comme un cheval qui prend peur, et où, se reculant de plusieurs pas, il contourna à distance la piste tracée.
La rivière était entièrement gelée, jusqu’à son lit. Il ne l’ignorait pas, et connaissait qu’aucun cours d’eau ne saurait conserver une goutte liquide durant l’hiver arctique.
Mais il savait aussi que des sources souterraines jaillissaient, en bouillonnant, des flancs des collines et se frayaient leur course sous la neige, pour rejoindre sous la glace le lit de la rivière et y continuer leur chemin. Même durant les plus grands froids, ces sources, que la neige et la glace protégeaient du contact de l’air, ne se prenaient jamais. Un grave danger en résultait et elles constituaient de vraies chausse-trappes.
La couche neigeuse, qui les recouvrait et dissimulait, était épaisse parfois de trois pouces seulement. Parfois aussi de trois pieds. Il arrivait encore qu’une série de nappes d’eau et de couches de glace se superposaient sous la neige. En sorte que si la carapace supérieure venait à s’effondrer,