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Sur les talons de l’homme trottait un chien, un énorme husky du pays, le type de vrai chien-loup, à la robe grise, et dont ni la nature, ni l’aspect ne semblaient guère différer de ceux de son frère, le loup sauvage.

L’animal était déprimé par le froid prodigieux. Il savait que ce n’était pas là un temps pour voyager. Son instinct l’en avertissait plus sûrement que le raisonnement n’avait su le faire pour l’homme. Celui-ci eût-il eu un thermomètre, ce n’étaient pas, en effet, cinquante degrés, ni soixante, ni soixante-dix, mais soixante-quinze au-dessous du point de congélation que l’appareil eût marqués.

Le chien ignorait tout des thermomètres. Sa notion du froid n’avait point la précision des calculs humains. Mais, en son cerveau rudimentaire, une crainte vague naissait, qui l’écrasait sous sa menace. La bête, angoissée, se glissait derrière l’homme, silencieuse, interrogeant ardemment tous ses gestes, comme si elle s’attendait, à tout moment, à le voir s’en revenir vers le dernier campement ou, s’arrêtant, chercher