Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chaotiques qui s’étaient formés lors du gel du fleuve. Vers le nord et vers le sud, aussi loin que l’œil pouvait porter, s’étendait cette blancheur infinie, sur laquelle une ligne grisâtre, mince comme un cheveu, serpentait, en contournant les îles, recouvertes de noirs sapins, qui égrenaient sur le fleuve leur chapelet.

Cet imperceptible trait était celui que venait de suivre l’homme, la piste connue qui, longue de cinq cents milles vers le sud, s’en allait, dans cette direction, vers les passes du Chilcoot, vers Dyea et le Pacifique. Vers le nord, la piste du fleuve conduisait à Dawson, distant de soixante-dix milles, puis, mille après mille, vers le Détroit de Behring et le Fort Michel, sur la Mer Polaire[1].

Mais ni la ligne mystérieuse de l’horizon lointain, ni l’absence du soleil, ni le froid terrible qui sévissait, ni toute cette ambiance de fantastique désolation, ne troublaient

  1. Dawson est un des principaux centres miniers du Klondike et du Pays de l’Or. Le Fort Saint-Michel est situé dans l’Alaska, sur le golfe de Norton, qui s’ouvre entre la mer et le détroit de Behring. Rappelons que le mille anglais vaut un peu plus d’un kilomètre et demi, soit 1.609 mètres. (Note des Traducteurs.)