Parsons, mes deux compagnons, étaient morts de la Peste. Des quatre cents personnes qui s’étaient réfugiées avec moi dans l’École de Chimie, et des quarante-sept qui vivaient encore au début de notre exode, je demeurais, moi, unique, avec le poney des Shetland.
« Pourquoi ? Je ne tenterai pas de l’expliquer. Je ne fus pas contaminé. Voilà tout. J’avais eu une chance contre un million. Je devrais dire contre plusieurs millions. Car telle fut la proportion de ceux qui, comme moi, survécurent.
« Durant deux jours, je campai sous un délicieux bocage, loin de tout cadavre. Là, quoique fort déprimé et pensant que mon tour de mourir allait venir d’un instant à l’autre, je me refis quelques forces. Il en fut de même du poney.
« Le troisième jour, commençant à me persuader que j’étais décidément immunisé, je chargeai sur le poney la petite provision de conserves qui me restait et repris ma route dans un monde désolé. Je ne rencontrai pas un seul être vivant, homme, femme ou enfant. Rien que des morts parsemés sur mon chemin.