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charnières au puits de dérive, la table se repliait après chaque repas et ne tenait aucune place. De chaque côté et en partie sous le pont, se trouvaient deux couchettes. La literie en était enroulée à l’arrière et les deux garçons durent s’asseoir, pour manger, à même les planches d’une parfaite netteté. Une lampe de cuivre, brillamment astiquée, suspendue au cardan, leur fournissait la lumière qui arrivait, pendant le jour, à travers quatre hublots fixes, quatre petites vitres rondes en verre épais aménagées dans la cloison. À droite de la porte, le poêle et la caisse à bois ; à gauche, le buffet. Le fond de la cabine s’ornait de deux carabines et d’un fusil, et, en évidence sur la couchette de Pete-le-Français, à côté de ses couvertures, on remarquait une cartouchière portant une couple de revolvers.

Joë croyait rêver. Bien souvent il s’était imaginé des scènes semblables. Maintenant il se trouvait transporté lui-même dans la réalité, comme s’il connaissait ses nouveaux compagnons depuis des années.

Pete-le-Français lui souriait d’un air jovial. Il avait une mine patibulaire, où Joë ne discernait que les ravages causés par les intempéries. Entre deux bouchées, Frisco Kid lui expliqua la récente tempête que le Dazzler avait essuyée, et Joë éprouva un respect de plus en plus croissant pour ce jeune garçon qui avait vécu si longtemps sur l’eau et avait une telle expérience des choses de la mer.

Le capitaine avala un verre de vin, suivi d’un deuxième et d’un troisième, puis une rougeur mauvaise ayant soudain illuminé sa face bronzée, il