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de magnifiques prouesses accomplies en des pays étranges, en revanche le délicieux mystère de la vie familiale séduisait l’imagination vagabonde de Frisco Kid, dont le plus grand bonheur eût été de connaître des frères, des sœurs, les conseils d’un père et le baiser d’une mère.

Le visage renfrogné, il se leva sur le toit de la cabine du Dazzler où il se chauffait au soleil, enleva ses lourdes bottes de caoutchouc, vint s’allonger sur l’étroit pont latéral et agita ses pieds dans l’eau froide et salée.

« Voilà la véritable liberté ! », songeaient les jeunes envieux qui l’observaient.

En outre, les longues bottes marines de Frisco Kid, qui lui montaient jusqu’aux hanches et s’attachaient par une boucle à une ceinture de cuir lui entourant la taille, exerçaient sur eux une merveilleuse fascination. Ils ignoraient que le malheureux ne possédait pas de souliers et que les vieilles bottes hors d’usage, propriété de Pete Lemaire et trois fois trop grandes pour lui, le faisaient abominablement souffrir, en été, les jours de grosse chaleur.

Les jeunes garçons, perchés sur la poutrelle du pont et levant des yeux médusés, l’exaspéraient outre mesure, mais son découragement provenait d’une cause tout à fait différente. L’équipage du Dazzler était à court d’un homme, et Frisco Kid devait abattre plus que sa part de besogne. Passe encore de faire la cuisine, de laver les ponts et de pomper l’eau du navire, mais il se révoltait à l’idée d’astiquer la peinture et de nettoyer les plats. N’avait-il pas acquis le droit de couper à ce travail de souillon, tout juste bon