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bonheur du temps. Tandis que lui, il restait assis de jour en jour dans une salle d’école, courbé sur son pupitre avec une cinquantaine de ses pareils, se rongeant la cervelle ou y entassant des débris de science, ces gens-là jouissaient d’une heureuse insouciance, ramaient dans des bateaux ou les conduisaient à la voile, préparaient eux-mêmes leur cuisine, rencontraient à coup sûr des aventures comme on en rêve seulement dans les classes d’écoles surpeuplées.

Joë soupira. Il se sentait fait pour cette sorte d’existence et non pour la vie scolaire. Au collège il n’était qu’un cancre. Il avait échoué dans sa composition, alors qu’en ce moment même, il le savait, sa sœur Bessie rentrait triomphalement à la maison après avoir passé l’examen avec honneur.

Ce n’était plus tolérable ! Son père avait tort de vouloir faire de lui un savant. Passe encore pour des garçons disposés à l’étude, mais lui-même, de toute évidence, n’avait aucune aptitude intellectuelle.

N’y avait-il pas dans la vie d’autres carrières que celle de l’étude ? Des hommes étaient partis en mer comme simples mousses et avaient gagné leurs grades, commandé de grandes flottes, accompli des hauts faits et gravé leurs noms sur les annales du temps. Pourquoi lui, Joë Bronson, n’en ferait-il pas autant ?

Il ferma les yeux et se sentit envahi par une tristesse infinie. Quand il les rouvrit, il s’aperçut qu’il avait dormi et que le soleil déclinait rapidement.

Il arriva chez lui après la nuit tombée, se dirigea droit vers sa chambre et se mit au lit sans avoir vu personne.

Il s’enfonça entre les draps frais en poussant un