Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eût atteint son but, et ils roulèrent enlacés dans la poussière. Au moment où arrivèrent Fred, Charley et les garçons de la bande, les deux adversaires s’étaient remis sur pied et se faisaient face.

« Qu’est-ce que tu veux, hein ? demanda le chef de bande d’un ton de matamore. Qu’est-ce que tu veux ? Dis-le moi ?

— Je veux mes cerfs-volants », répondit Joë.

Les yeux de Simpson-la-Brique étincelèrent. Il se trouvait précisément à court de cerfs-volants.

« Pour les avoir, il faudra te battre, annonça-t-il.

— Pourquoi me battrais-je pour les avoir ? demanda Joë avec indignation. Ils m’appartiennent. »

Cette réponse prouvait son ignorance des idées sur le droit de propriété qui avaient cours parmi le peuple de l’Abîme.

Une bordée de railleries et de miaulements s’éleva de la bande rassemblée derrière son chef comme une horde de loups.

« Pourquoi me battrais-je pour les avoir ? répéta Joë.

— Parce que je le dis et que je n’ai pas deux paroles. Compris ? »

Mais Joë ne comprenait pas. Il refusait de comprendre que la parole de Simpson-la-Brique fît la loi à San-Francisco, ni dans quelque partie de la ville que ce fût.

Offensé dans son amour de la justice et de la loyauté, il sentait bouillir le sang dans ses veines.

« Rends-moi ces cerfs-volants tout de suite », dit-il d’un ton menaçant, en tendant la main pour les reprendre.