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grisaille solennelle s’étendait sur les flots et les premières étoiles scintillaient faiblement au-dessus de la crête du mont Tamalpais.

Joë retournait en soupirant dans son coin lorsqu’il entendit un coup de sifflet perçant et prolongé. C’était Fred. Joë renouvela son soupir, et Fred son coup de sifflet, bientôt suivi par celui de Charley. Ils l’attendaient au coin… heureux gaillards !

Eh bien, ils ne le verraient pas ce soir. Ils sifflaient maintenant à l’unisson. Joë grommela en s’agitant sur sa chaise. Non, ils ne le verraient pas ce soir, affirma-t-il en se levant. Il ne les rejoindrait certainement pas, tant qu’il ne serait pas renseigné sur les réformes draconiennes.

La force qui l’avait tenu à la fenêtre l’attirait à présent vers son pupitre à l’autre bout de la chambre. Elle lui fit déposer son manuel d’histoire sur ses autres livres de classe ; avant de s’en rendre compte, il avait ouvert la porte et franchi la moitié du vestibule. Il esquissa un geste pour rebrousser chemin, mais il se dit qu’il pouvait sortir un instant seulement et rentrer pour reprendre sa tâche.

Rien qu’un petit instant, se promit-il en descendant sagement l’escalier. Mais bientôt il accéléra au point d’enjamber trois marches à la fois.

Il se coiffa de sa casquette et sortit en courant par la porte latérale. Avant même qu’il eût tourné le coin, les réformes de Dracon étaient reléguées dans un passé aussi lointain que ce personnage lui-même, et l’examen du lendemain disparaissait dans un avenir tout aussi vague.