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déferla et, la seconde d’après, les jeunes garçons ne virent plus qu’une houle déchaînée à l’endroit où se trouvait le sloop. Doutant de leurs yeux, ils scrutèrent encore la surface des eaux. Le Reindeer n’existait plus ! Ils demeuraient seuls au milieu d’un océan déchaîné.

« Dieu ait pitié de leurs âmes ! », prononça Frisco Kid d’une voix solennelle.

Saisi d’effroi devant cette soudaine catastrophe, Joë était incapable de parler.

« Il a chaviré sous voiles, et avec le lest qu’il portait il a dû aller droit au fond », murmura Frisco Kid.

Puis, songeant aux nécessités immédiates, il ajouta :

« À présent, il s’agit de nous tirer de là. La queue de la tempête vient de passer, mais la mer ne se calmera point parce que le vent se sera apaisé. Travaille d’une main et agrippe-toi de l’autre. Il faut maintenir le bateau cap au vent. »

Armés de leur couteau, les deux jeunes gens rampèrent vers l’avant à la place où l’épave, qui sans répit frappait le flanc du bateau, entravait sa marche. Frisco Kid prit la direction de cette besogne délicate. Joë obéit aux ordres avec l’adresse d’un vieux loup de mer. À tout bout de champ l’avant était balayé par les flots et le vent faisait tournoyer les deux garçons comme deux girouettes.

La partie principale de l’épave fut d’abord solidement amarrée aux bittes d’avant. Haletants et pantelants, plus souvent sous l’eau qu’à la surface, ils tranchèrent ensuite à coups de couteau et de hache, l’amas de drisses, de voiles, d’étais et de palans. Le