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et jeter une ancre flottante. L’appareil ressemblait à un grand sac de toile maintenu ouvert par des espars liés de façon à former un triangle. Des filins rattachaient au bateau cette sorte de parachute qui présentait à l’eau sa plus grande surface de résistance. Le sloop, dérivant d’autant plus vite, présentait et maintenait son avant au vent et à la mer, la plus sûre des positions au cours d’une tempête. D’un geste de la main, Nelson-le-Rouge répondit qu’il avait compris et lui fit signe de poursuivre sa route.

Pete-le-Français alla lui-même à l’avant pour jeter l’ancre flottante, laissant à Frisco Kid le soin de mettre la barre au moment propice et de courir dans le vent.

Debout sur le pont glissant, le Français attendait l’instant opportun pour agir, lorsque le Dazzler fut soulevé par une immense vague. Comme il en atteignait le sommet, la rafale l’attaqua avec violence, à la seconde même où il se tenait en équilibre sur la crête. Dans cette position, il se cabra contre cette pression soudaine frappant ses voiles et son gréement.

Un brusque choc suivi d’un grand fracas. Les haubans d’acier du côté du vent se rompirent au niveau des ridoirs et le mât, le foc, la grand-voile, les poulies, les étais, l’ancre flottante, tout, y compris Pete, passa par-dessus bord.

Par miracle, le capitaine s’agrippa à la sous-barbe et, à la force du poignet, se hissa sur le beaupré. Les deux jeunes garçons s’élancèrent à l’avant pour lui porter secours et Nelson-le-Rouge, qui observait la scène, mit la barre dessus et courut leur prêter son aide.