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Frisco Kid ne répondit pas, mais la joie rayonna sur son visage. Joë poursuivit :

« Et tu l’auras bien mérité. Tu m’auras aidé à sauver la fortune de mon père. C’est à toi qu’il le devra.

— Ça n’est pas ma façon de voir. Je n’estime guère l’homme qui rend un service dans l’unique espoir d’obtenir une récompense.

— Tais-toi un peu. Combien crois-tu qu’il en coûterait à mon père pour s’assurer les services des détectives en vue de retrouver ce coffre-fort ? Donne-moi ta promesse, c’est tout ce que je te demande. Une fois ta situation réglée, si elle ne te convient pas, libre à toi d’en changer. C’est jouer franc-jeu, il me semble ? »

Ils se serrèrent la main pour sceller l’engagement et échafaudèrent aussitôt leur plan d’action pour la nuit. Mais la tempête, qui faisait rage au Nord-Ouest, réservait une surprise aux hommes d’équipage du Dazzler. Le déjeuner achevé, ils durent prendre un deuxième ris dans la grand-voile et le foc ; et pourtant, le grain n’avait pas atteint toute sa force. La mer avait grossi et les montagnes liquides se succédaient, offrant un spectacle grandiose qu’on pouvait admirer du pont du sloop. Les deux bateaux ne s’entrevoyaient que lorsqu’ils se trouvaient à la même seconde au sommet des vagues. Des paquets d’eau se précipitaient dans le cockpit ou balayaient le toit de la cabine. Joë fut posté à la petite pompe pour vider le puisard.

Vers trois heures, Pete-le-Français réussit enfin à communiquer avec le Reindeer et expliqua à Nelsonle-Rouge par signaux qu’il allait mettre en panne