Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monde ! Ah ! cette fois, il goûtait à la vie, à l’action ! Ce n’était certes plus l’existence plate et morne qu’il avait trop longtemps connue !

Groupés sur la pontée du vapeur, les matelots agitèrent leurs suroîts et, sur la passerelle, le capitaine en personne exprima son admiration pour les prouesses du Dazzler.

« Ah ! vous voyez, les gars ! Vous voyez ! », s’exclama Pete en tendant le doigt vers l’arrière.

Le sloop-yacht, n’osant s’aventurer plus avant, allait et venait au niveau de la barre. La poursuite était terminée. Un bateau-pilote, cherchant refuge devant la tempête prête à éclater, glissa près d’eux comme un oiseau apeuré et passa devant le vapeur à une telle vitesse que celui-ci en parut immobile.

Une demi-heure après, le Dazzler avait franchi la dernière vague écumante et filait sur la houle du Pacifique. Le vent avait augmenté de vitesse et il fallut prendre des ris dans le foc et la grand-voile. Alors ils virèrent de nouveau à tribord dans la direction des Farralones, situées à une trentaine de milles de là.

Ils achevaient leur petit déjeuner lorsqu’ils relevèrent le Reindeer qui était à la cape et s’efforçait d’éviter la côte en gagnant le Sud-Ouest. La barre était amarrée sous le vent et il n’y avait pas une âme sur le pont.

Pete-le-Français protesta vigoureusement contre une telle insouciance :

« Voilà bien le défaut de Nelson-le-Rouge. Ce risque-tout n’a peur de rien ! Un de ces jours, cette