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le pont à observer les points lumineux de San-Francisco qui grossissaient de plus en plus. Il essaya de deviner la destination du Dazzler. Le Mexique ! ils allaient donc affronter l’océan sur cette coque de noix ! Impossible. Du moins il en avait l’impression, car sa conception des voyages en mer se bornait aux traversées en paquebot ou sur des navires gréés en trois mâts carrés.

Il regrettait déjà de n’avoir point coupé les drisses et brûlait de poser à Pete-le-Français un millier de questions, mais comme la première se présentait sur le bout de sa langue, ce digne personnage lui intima l’ordre de descendre, de boire son café et d’aller se coucher.

Peu après, Frisco Kid le rejoignait et Pete-le-Français resta seul, absorbé par l’unique souci de sortir de la baie pour gagner la haute mer. À deux reprises il entendit les vagues refoulées contre la coque du Dazzler par une étrave volant sur les flots ; une fois même il aperçut une voile sous le vent qui lofait vivement et approchait en pleine vue.

Mais la nuit les favorisait et ils n’entendit plus rien, peut-être parce qu’il serra le vent d’un quart plus près et se maintint de la sorte avec la voile frémissante le long de sa ralingue de chute.

Le matin, à l’aube, les deux jeunes mousses furent réveillés et montèrent sur le pont, les yeux encore lourds de sommeil. Le jour perçait, froid et gris, et le vent atteignait l’allure d’un grain.

Joë reconnut, tout surpris, les tentes blanches du poste de quarantaine sur l’île Angel. Au Sud, San-Francisco formait une tache vaporeuse, tandis que la