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ancre, faisait son abattée sous l’action du foc et commençait sa course, une voile sombre apparut à l’arrière, manquant de justesse le youyou en remorque.

Le cockpit du bateau inconnu était bondé d’hommes qui élevèrent leur voix courroucée à la vue des pirates. Joë fut sur le point de se précipiter à l’avant pour trancher les drisses et faciliter ainsi la capture du Dazzler. Ainsi qu’il l’avait dit la veille à Pete-le-Français, il n’avait aucun crime à se reprocher et ne redoutait point de comparaître devant un tribunal. Mais la pensée de Frisco Kid le retint. Il désirait l’amener à terre avec lui, mais il ne voulait point, ce faisant, risquer de le faire jeter en prison. Il se passionna donc lui aussi pour la fuite du Dazzler.

Le sloop qui les poursuivait décrivit une courbe pour piquer sur eux à toute vitesse, mais dans l’obscurité il heurta le yacht mouillé à l’ancre. Son occupant, croyant sa dernière heure venue, poussa un cri sauvage, monta sur le pont et sauta dans la mer. Dans la confusion qui s’ensuivit, et tandis que les hommes du sloop essayaient de le repêcher, Pete-le-Français et ses deux matelots disparurent dans la nuit.

Le Reindeer était déjà hors de vue et lorsque Joë et Frisco Kid eurent lové les manœuvres courantes et mis tout en ordre à bord, ils étaient déjà au large. La brise fraîchissait de plus en plus et le Dazzler filait grand largue sur des eaux relativement calmes.

Une heure s’était à peine écoulée que les lumières du cap Hunter apparaissaient à bâbord. Frisco Kid descendit pour préparer le café, mais Joë resta sur