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regard par-dessus la lisse dans l’espoir de découvrir la nature de ce lourd objet qu’on hissait à bord. Il devina les vagues contours d’un petit coffre-fort de bureau.

« Allons, tous ensemble ! reprit Nelson-le-Rouge. Posez le bout sur la voûte arrière et ne laissez pas tomber ! Ho ! hisse ! Ho ! Encore un peu ! Passez la caisse par-dessus bord. »

Haletants, les muscles tendus et la poitrine gonflée, ils firent basculer par-dessus bord l’embarrassant fardeau et le descendirent dans le cockpit par la plate-forme arrière. Les portes de la cabine furent ouvertes en grand, on fit avancer le coffre-fort en le balançant sur sa base ; bientôt il reposa sur le parquet de la cabine, contre le puits de dérive.

Nelson-le-Rouge, en personne, avait dirigé l’opération et était monté à bord, son bras gauche pendant, inerte, à son côté ; du sang tombait goutte à goutte de l’extrémité de ses doigts. Il semblait n’en faire aucun cas, pas plus que des échos de la tempête humaine déchaînée sur le rivage, et qui, à en juger par le vacarme, était sur le point de s’abattre sur eux.

« Mets le cap sur la Porte d’Or, dit-il à Pete-le-Français comme il se disposait à partir. Je tâcherai de te suivre. Si je te perds de vue dans l’obscurité, rendez-vous dans la matinée aux Farralones. »

Il sauta dans le youyou après les hommes et saluant de son bras valide il s’écria :

« Alors, les gars, nous parlons bientôt pour le Mexique ! Le Mexique… où il fait un beau temps d’été ! »

À la minute même où le Dazzler, libéré de son