Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tomber les drisses, et vivement ! Je vous préviens que si vous ne cessez pas votre manège, il vous en cuira ! »

Devant la menace, accompagnée du déclic d’un revolver, Frisco Kid obéit et, tout en grommelant, retourna au cockpit.

« L’occasion se retrouvera, murmura-t-il à Joë comme fiche de consolation. Pete-le-Français est un roublard, qu’en dis-tu ? Il a deviné tes intentions de t’échapper et nous a fait surveiller. »

Rien, pas même l’aboiement d’un chien ni la lueur d’un feu ne leur parvenait du rivage pour les renseigner sur la position des pirates. Cependant, l’air semblait lourd d’un danger terrible, prêt à éclater. Le cœur serré par un mauvais pressentiment, les deux jeunes matelots se pelotonnèrent l’un contre l’autre dans le cockpit.

« Tu te disposais à me raconter ta fuite et ton retour chez les pilleurs d’huîtres », hasarda enfin Joë.

Frisco Kid s’empressa de reprendre son récit, d’une voix basse, et parlant presque à l’oreille de son ami.

« Tu vas comprendre : lorsque je me décidai à quitter la vie des pilleurs, je ne connaissais personne capable de m’aider en quoi que ce fût. Tout ce que je savais, c’est que, une fois débarqué, il me faudrait trouver de l’ouvrage, afin de pouvoir m’instruire. Je m’imaginais que j’aurais plus de chance à la campagne qu’en ville. À cette époque je travaillais sur le Reindeer. Une nuit, sur les bancs d’huîtres d’Alameda, je plaquai Nelson sans tambour ni trompette et filai sur la grève à toutes jambes. Nelson ne put pas me rattraper. Mais je ne rencontrai sur la côte que des fermiers portugais ; aucun d’eux ne me procura de