se livrent à un métier de bandits, mais souviens-toi de ce soir où tu t’essayais à la nage pour le youyou quand les types se défilaient à toutes jambes sur la grève. À ce moment-là, t’avons-nous abandonné à ton mauvais sort ? »
Joë l’admit à contrecœur, mais une nouvelle idée lui traversa l’esprit.
« Ceux-ci sont des pirates, des voleurs, des criminels. Ils désobéissent à la loi, alors que toi et moi nous ne demandons qu’à la respecter. De plus, ils ne sont pas abandonnés. Qui les empêche de se sauver sur le Reindeer ? En tout cas, jamais ils ne nous rattraperons dans l’obscurité.
— Alors, filons ! »
Bien qu’il eût donné son consentement, Frisco Kid n’avait pas la conscience tranquille ; cette fuite gardait un arrière-goût de désertion.
Ils se glissèrent à l’avant et hissèrent la grand-voile. Pour gagner du temps, au lieu de relever l’ancre, ils laissèrent filer la chaîne. Mais dès le premier grincement des cordages sur les poulies, un appel leur arriva à travers les ténèbres, suivi d’un avertissement :
« Cessez la manœuvre ! »
Scrutant dans la direction d’où provenait la voix, ils distinguèrent alors une face blanche qui les observait par-dessus la lisse de l’autre sloop.
« Ce n’est que le mousse du Reindeer, dit Frisco Kid. Continuons ! »
De nouveau, ils furent interrompus au premier grincement des poulies.
« Dites donc, vous autres, je vous engage à laisser