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enfance ; presque tous les gens de ma connaissance gagnaient leur vie de cette façon-là. Lorsque j’ai fait cette découverte, j’ai pris la fuite, bien décidé à quitter ce métier. Quelque jour je te raconterai tout cela, je t’expliquerai pourquoi j’ai failli à mes promesses.

« Dans mon adolescence, la jeune fille de l’image m’apparaissait comme une réalité. Même à présent, d’avoir tant pensé à elle, je la revois par moments comme si elle vivait.

« Mais tandis que je te parle, tout s’éclaircit dans mon cerveau et voici comme je me la représente : elle personnifie simplement l’idée d’une vie plus propre et plus saine que la mienne, une société où il me plairait de vivre, où je pourrais connaître des jeunes filles de son genre, leurs familles… des gens de ton milieu… comprends-tu ? Voilà à quoi je songeais en parlant de ta sœur et de toi… et c’est pourquoi… mais je ne sais plus… je déraille… Sans doute, n’est-ce pas, connais-tu beaucoup de jeunes personnes comme elle ? »

Joë l’affirma d’un signe de tête.

« Alors, parle-moi d’elles un peu… dis-moi n’importe quoi, ajouta-t-il, décelant une certaine réticence dans le regard de son camarade.

— Oh ! Rien n’est plus facile », commença Joë. Jusqu’à un certain point, Joë comprenait le désir avide du gamin et il lui paraissait très simple de le satisfaire, du moins en partie.

« Tout d’abord, elles ressemblent… à… eh bien ! toutes les autres jeunes filles. »

Il s’interrompit, se rendant compte de son impuis-