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sur le pont et jetèrent par-dessus bord le fourneau de cuisine retenu par un cordage.

« Brr… fit Frisco Kid. Regardez-moi Nelson. Il vient de prendre un ris. Vous pouvez m’en croire. Ça doit souffler dur ! »

Le Reindeer s’avança vers eux, bravant la tempête comme un splendide monstre marin. Nelson-le-Rouge, en passant, les salua de la main et un quart d’heure plus tard, lorsqu’ils eurent levé la seule ancre qui leur restait, il passa bien au vent, à la bordée suivante.

Pete-le-Français suivait le Reindeer d’un œil toujours admiratif, encore qu’il proférât, d’un ton de mauvais augure :

« Un jour, pan ! pan ! Il finira comme ça ! C’est moi qui vous le dis ! »

Un moment après, le Dazzler déployait d’un seul coup son foc au bas ris et se trouvait à son tour en plein combat. C’était une rude affaire, lente, pénible et dangereuse, que de louvoyer sous le vent à proximité de ce rivage, et Joë s’émerveillait de ce qu’une si frêle embarcation pût résister une minute à la furie des éléments déchaînés. Mais peu à peu le Dazzler gagna au vent, s’écarta du rivage, sortit de la grosse houle de fond et entra dans les eaux profondes de la baie. Là, on mollit légèrement la grand-voile et le bateau courut s’abriter derrière la muraille rocheuse du môle d’Alameda, à quelques milles plus loin.

Ils y retrouvèrent le Reindeer, tranquillement à l’ancre. Pendant les heures qui suivirent, les autres sloops arrivèrent l’un après l’autre, à l’exception du