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salut au passage et éclata de rire à la face de Pete-le-Français, furieux de la manœuvre imprudente de son associé.

Revenue sous le vent, la magnifique embarcation tourna sa proue dans la direction de la brise et roula si fortement que sa quille brune apparut jusqu’à la dérive. Ils eurent alors l’impression que le Reindeer coulait, mais il se redressa aussitôt et passant devant eux à bâbord, reprit sa course folle.

Ils virent le foc tomber d’un seul coup, une ancre plonger par dessus bord et le bateau se mettre debout au vent. Tandis qu’il s’abattait, puis culait, pour s’abattre encore et culer de nouveau, sous sa grand-voile en ralingue, une deuxième ancre plongea bien à l’écart de la première. Alors la grand-voile fut amenée, serrée et larguée, dans le même temps que prenait le bateau pour commencer à tirer sur ses deux chaînes.

« Ah ! ah ! Je n’ai jamais vu son pareil ! »

Les yeux du Français brillaient d’admiration devant une telle prouesse nautique, et ceux de Frisco Kid étaient humides.

« On jurerait un yacht ! s’exclama-t-il en regagnant la cabine. Et même beaucoup mieux qu’un yacht ! »

La nuit tombée, le vent fraîchit de nouveau et, vers onze heures, se déclencha ce que Frisco Kid appelait une « jolie rafale ».

Cette nuit-là, on dormit peu à bord du Dazzler. Seul Frisco Kid ferma les yeux. Pete-le-Français ne cessait de monter et de descendre. À deux reprises, lorsqu’il se rendit sur le pont, il fila un peu plus de chaîne et de filin. Allongé dans sa couchette, Joë